Le Grand Dérangement

Désireuse de s'approprier les riches terres des Acadiens, la couronne britannique échafaude un projet de déportation de la population d'origine française de la province. Les "french neutrals" sont, en effet, vus comme des ennemis potentiels et, de ce fait, jugés indésirables...

Dès 1750, le pouvoir britannique devient de plus en plus pressant envers les Acadiens: il exige d'eux un serment d'allégence sans condition à la couronne d'Angleterre. Souhaitant rester à l'écart du conflit anglo-français, les Acadiens commencent à émigrer en nombre vers les territoires des Iles Saint-Jean (actuelle Ile du Prince-Edouard). Le recensement du sieur de La Rocque effectué en 1752 sur les Iles Saint-Jean et Royale (actuelle Ile du Cap-Breton) nous conserve la mémoire des noms de ces quelques deux mille réfugiés...

En septembre 1755, le pouvoir britannique, poursuivant sa logique d'épuration éthnique, commence à déporter les Acadiens des villages de Grand-Pré et de la région des Mines (Piziquid, Cobequid, la Rivière-aux-canards...). Entassées dans de vieux navires, les familles acadiennes désunies sont expédiées vers les côtes de la Nouvelle-Angleterre.

En juillet 1758, ultime phase du plan anglais d'appropriation de l'Acadie, l'armée britannique s'empare de la place-forte de Louisbourg sur l'Ile Royale, dernier bastion de la présence française dans cette province. Le destin des Acadiens est alors scellé !

En septembre, embarqués sur une dizaine de vieux vaisseaux dans des conditions inhumaines, les derniers Acadiens sont envoyés vers l'Angleterre et la France. Deux navires sombrent corps et biens pendant le voyage. Un grand nombre d'autres exilés succombent aux privations, aux maladies...

C'est ainsi environ dix mille Acadiens qui sont chassés de ce qui fut leur paradis. De ces dix mille, cent soixante-dix-neuf arrivent dans le petit port de Boulogne-sur-Mer le 26 décembre 1758 "forcés par la tempête" au lieu de Saint-Malo, leur destination primitive...

 

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