Les Acadiens de Boulogne et la Révolution

La Révolution française, favorable aux Acadiens, fit voter le 25 février 1791 une loi qui accordait dans son article II la continuation des secours dont béneficiaient les réfugiés des colonies sous le régime précédent. Afin de faire appliquer cette décision, le ministère de l'Intérieur de l'époque ordonna l'établissement de listes des bénéficiaires potentiels. Dressés par commune, ces Etats des Acadiens et Canadiens réfugiés en France témoignent du devenir des Acadiens de France quelques trente-trois ans après le Grand Dérangement. Les Archives de la ville de Boulogne conservent 4 de ces Etats. Le premier de ces document daté du 1er juin 1792 est signé par les maire et officiers municipaux de la ville. On y trouve les indications ci-dessous:

Etat des Acadiens demeurant à Boulogne qui prétendent aux secours mentionnés en l'article II de la loi du 25 février 1791

Noms et surnoms

Jour de la naissance

Observations

Chérubin Aucoin, aveugle, marin

28 janvier 1730

a servi l'espace de 5 ans en différentes années, reçu pension pendant 5 ans à diverses époques
Jeanne Huret, son épouse 9 août 1729  
Firmin Aucoin, capitaine de navire 15 mars 1754 a servi à Brest et Rochefort pendant 9 ans ayant été transporté à Cayenne et en Poitou où il a reçu sa pension jusqu'en 1779 qu'il a quitté Nantes pour venir résider à Boulogne
Geneviève Duchesne, son épouse 17 août 1775*  
Marie Ocoin, sa fille 22 septembre 1788  
Antoine Marie Firmin Aucoin 27 mars 1792  
Alexis Lavache, marin de profession 1 septembre 1723 a servi 5 ans en différentes années et a reçu sa pension l'espace de 3 ans à différentes époques
Nicole Dubois, son épouse 12 février 1724  
Gervais Gotré, marin de profession 19 août 1741 a toujours reçu sa pension à Chaletterot jusqu'en 1776, en est parti pour venir faire sa résidence à Boulogne
Françoise Glavieux, son épouse 4 juillet 1752  
Charles Gotro, son fils 2 septembre 1781  
Jeanne Charlotte, sa fille 10 mai 1783  
Madeleine Antoinette, ydem 8 mai 1785  
Firmin Gotro, fils 26 septembre 1786  
Antoine Gotro, idem 6 juillet 1790  

Trois autres Etats des Acadiens..., l'un daté de frimaire de l'an III, deux autres sans date (mais vraisembablement d'août 1796), nous donnent quelques renseignements supplémentaires. Nous apprenons ainsi que nos 4 Acadiens de souche sont natifs de Coquebit (Cobequid) à la différence de leurs épouses d'origine boulonnaise, que Gervais Gotro meurt noyé à la mer en janvier 1793, qu'Alexis Lavache s'éteint en juillet 1793 sans laisser ny enfants ny fortune, que le fils de Firmin Aucoin décède en fructidor de l'an III.

D'autre documents achèvent de nous renseigner sur le devenir de cette première génération des Acadiens de Boulogne. Firmin Aucoin meurt, ainsi, en juillet 1802 à l'hospice d'humanité de Rouen lors du retour d'un voyage à Brest... Son oncle, Chérubin, soldat demeurant à Boulogne décède en pluviôse de l'an XIII (1805) à l'hospice civil et militaire de cette place.

Pour être complet, il faut citer également la présence de l'Acadien Etienne Arsenault fraîchement réformé de la Marine qui arrive à Boulogne au début de frimaire de l'an VIII (novembre 1799), mais sa collaboration avec Firmin Aucoin en tant que canonnier sur le Poisson-Volant, navire corsaire de ce dernier, est de courte durée: Etienne Arsenault meurt le 15 du mois à Boulogne; il avait 45 ans.

 

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